Article écrit en collaboration avec le site Mes Geeks et Moi. Article que vous pouvez également retrouver sur leur blog.
Les relations de voisinage, on y est tous confrontés. Que ce soit en appartement en ville, en lotissement à la campagne ou même isolées au milieu des champs au milieu de la Beauce, nous sommes forcément les voisins de quelqu’un. Avoir de bonnes relations avec les habitations mitoyennes, c’est important, cela permet de se donner des coups de main mutuels, de se dépanner en cas de coups durs et, en cas d’absence, d’avoir toujours un œil sur notre propriété.
Puisque cette proximité touche tout le monde, de nombreuses émissions, films et séries mettent en lumière ces relations, qui peuvent être tantôt cordiales, tantôt délicates par manque de civisme.
Mais imaginez un instant que votre nouveau voisin soit Homer J. Simpson de la série du même nom, Madame Connelly du film Un duplex pour trois, Teddy de Nos pires voisins ou encore Jimmy Tudeski, dit « Jimmy la Tulipe » de Mon voisin le tueur, votre petite vie alors tranquille vire au cauchemar.
Cette situation, c’est celle vécue par Woody, notre protagoniste du jeu Un voisin d’enfer ! (Neighbours From Hell). Lui, qui vivait paisiblement dans sa petite maison, voit débarquer son nouveau voisin, M. Rottweiler et commence à lui pourrir la vie par son attitude déplacée.
Mais Woody, il ne faut pas le chatouiller, car il est plutôt revanchard. Il décide alors de contacter une équipe de tournage d’une émission de téléréalité afin qu’elle le filme en train de jouer des tours à son voisin en lui faisant vivre des situations hilarantes et inattendues. Et nous, en tant que joueurs, nous prenons part à sa revanche.
Un mélange des genres :
Si vous êtes un adepte des films d’animation en pâte à modeler dont les héros sont un inventeur tête en l’air passionné par le fromage et les crackers et son acolyte à quatre pattes, vous allez adorer parcourir ce titre. Les similitudes avec les œuvres de Nick Park sont indéniables, tant sur le plan graphique que dans l’humour décalé tellement « so British ». Pourtant, l’équipe de JoWooD Entertainment (qui a conçu le titre) n’était pas britannique, mais autrichienne. Je parle du studio au passé, car il a malheureusement fermé ses portes en 2011.
Le jeu est un mix entre un point-and-click, un puzzle game et de l’infiltration, le tout dans une ambiance (ça)cartoon. L’objectif étant de s’introduire chez son voisin et de commettre divers méfaits sans se faire attraper par le voisin, au risque de se faire passer à tabac.
Le jeu joue beaucoup sur l’ambiance téléréalité. Les niveaux sont déclinés en saisons comprenant plusieurs épisodes. Chaque épisode comprend un titre résumant le thème du niveau et commençant par un petit générique d’introduction. Dès que l’on prépare une farce ou qu’on réussit à faire passer son voisin au rouge, on entend la réaction du public, c’est juste… Génial !
Le jeu se joue à la souris et Woody répond au doigt et au clic, ce qui permet de trouver nos marques tout de suite. Les objets à utiliser et les éléments interactifs du décor sont clairement indiqués par un changement d’icône de la souris. On ne passera pas son temps à cliquer partout dans l’espoir de déclencher une action, c’est vraiment agréable.
Vengeance !!!!!
Mais le but n’est pas QUE d’emmerder son voisin puissance 10, mais de faire en sorte que sa colère et sa frustration ne retombent pas. À chaque gag réussi, une jauge de colère se remplit et c’est à nous de nous débrouiller pour qu’elle ne retombe pas à 0. Comment ? En enchainant les farces comme tel combo de votre jeu de baston favori. Notre malice étant récompensée par des points d’audimat supplémentaires.
Le jeu est très « graphique » : chaque action ou gag repose sur des éléments très visuels. On se marre à chaque fois qu’on découvre une nouvelle façon de casser les cou**les de M. Rottweiler, que ce soit en éclatant des œufs dans son micro-ondes, en lui glissant des laxatifs dans sa bière, ou en appliquant du cirage sur sa serviette de bain. Les occasions de mettre en rogne la grosse brute du quartier dès qu’il a le dos tourné sont légion. Le moment le plus hilarant reste celui qui suit immédiatement le gag : cette phase d’étonnement où le voisin ne comprend pas encore ce qui se passe, juste avant qu’il pique sa crise. C’est épique de le voir réaliser que quelque chose ne va pas, sans savoir encore quoi.
Le jeu est organisé en trois saisons, chacune comportant plusieurs épisodes dont la durée s’allonge progressivement. Au fil de ces épisodes, le nombre de pièges à déployer augmente et de nouvelles pièces de la maison deviennent accessibles. Si la saison 1 peut être facilement terminée, l’aventure se complique dès la saison 2 avec la présence d’un perroquet qui sonne l’alerte si on est trop bruyant.
Pétard mouillé :
Aussi drôle que soit le jeu, il n’est cependant pas sans défaut. Certains gags sont redondants d’un niveau à l’autre, ce qui nuit à la fraîcheur de l’ensemble. Au fur et à mesure, des routines s’installent, on finit par explorer systématiquement certaines pièces ou rangements, en anticipant les objets que l’on va y retrouver. Étant donné que chaque objet a une fonction unique, on sait d’avance à quel piège ou à quel gag il est associé.
Le voisin répète toujours la même routine dans un niveau, donc une fois qu’on la connait, c’est finger in the nose et on le finit sans trop de soucis.
Une fois le level complété, on va essayer de le refaire une fois ou deux pour obtenir un score d’audimat plus élevé. Cependant, ce n’est pas un jeu qui tiendra en haleine bien longtemps. Compter 6-8h pour en faire le tour. Néanmoins, pendant ce laps de temps, vous allez avoir la banane. Le jeu date de 2003, déjà à l’époque il était « techniquement daté ». Attention, il n’est pas moche, je trouve le côté carton très stylé. La config minimum a de quoi faire sourire quand on voit les monstres de puissance que l’on a aujourd’hui (mais qui sont incapables de faire tourner Win11 Pro correctement) : Win98, Pentium II 300 MHz, 64 Mo de RAM. – À titre de comparaison, en 2003, j’avais un XP, un Pentium 4 de 1,5 GHz, 384 Mo de RAM et une carte graphique de 32 Mo. La résolution du jeu est par défaut de 800×600 et ne peut être modifiée. Sur les écrans modernes permettant des grosses résolutions, avoir une résolution aussi faible donne un effet zoom pas des plus agréables
Pour les plus jeunes (j’ai pris une mèche grise rien qu’à taper ces mots), dans les années 90-2000, la puissance des ordinateurs doublait tous les 6 mois environ. Le prix des machines dépassait facilement les 1700€, soit plus de 1,5 fois le SMIC de l’époque (en 2001/2002), et avoir un ordinateur chez soi était même considéré pendant un temps comme un signe de richesse (tout comme l’avaient été le réfrigérateur et la TV en leur temps). On ne pouvait donc pas se permettre non plus de changer de machine régulièrement. Donc je comprends aisément le parti pris des développeurs à l’époque pour que le jeu puisse tourner sur un maximum de machines.
La presse n’a pas été tendre avec le titre, cela n’a pas empêché le jeu d’avoir un petit succès et une suite sobrement intitulée « Un voisin d’enfer ! 2 : En vacances » sortira l’année suivante.
Pour conclure :
C’est vrai, Un voisin d’enfer n’est pas un incontournable de l’année 2003. Cependant, avec son humour souvent comparé (à l’époque) à celui de Wallace et Gromit, il a laissé d’excellents souvenirs à tous ceux qui l’ont parcouru à l’époque.
Aujourd’hui, le jeu est trouvable un peu partout et même en abandonware (en cherchant bien). Donc si vous souhaitez vous détendre en vous vengeant sur un connard de voisin numérique, vous savez à quel titre jouer.